"No place like home"exposition du 14 novembre au 14 décembre 2008
vidéo de l'exposition / exhibition's video still
Artiste israélienne, Ruth Barabash a développé un langage à la fois narratif et emblématique reposant sur un vocabulaire qui reflète le quotidien de son pays. Elle montre le monde comme un jeu permanent, en évacuant les conséquences tragiques, et c’est pourtant cette joyeuse insouciance qui révèle toute la fragilité et la relativité des choses. Son expérience de la vie quotidienne israélienne est thématisée par une sorte de fatalisme, à la frontière de l’explosion des drames, et en même temps, par une certaine distance qui donne une dimension située en-dehors de la vie réelle.
Ruth Barabash réalise des gouaches sur papier de petits et grands formats dont la fragilité de la matière et la délicatesse avec laquelle elle peint ses motifs, le plus souvent des paysages, des personnages, des objets, expriment une sensibilité extrême. Née en 1963 en Israël, elle essaie de récolter la mémoire et les souvenirs de son pays natal, les amis, la famille, le service militaire, les engins de guerre, les tanks, les hélicoptères et les avions qui deviennent dans son travail des objets lyriques et moins menaçants que dans la réalité, comme si elle ré-arrangeait la réalité : « L’Israël des années 70 était noyé dans l’utopie. On nous a élevé avec des valeurs socialistes en matière d'écologie, de partage, d’égalité et de fraternité (sans comparaison avec le slogan français). C'était une éducation très patriotique basée sur l’amour de notre pays. On nous a appris le nom de chaque oiseau et de chaque plante, chaque colline était admirée pour son appartenance à Israël. Il s'agissait d'une utopie mêlée d'une grande naïveté puisque pour les enfants, Israël était présenté comme un vrai paradis. Une construction purement imaginaire, de fait, qui n'a bien sûr rien à voir avec la réalité et que seul le touriste pourra trouver en découvrant Israël, depuis l’extérieur. Repeindre ces images d'un monde présenté comme idyllique par nos sociétés me permet ainsi de pousser à l'extrême l'ironie qu'il y a derrière le mythe, et par là, de le "démystifier". Regarder mes paysages ne pourra se faire sans que la réalité vienne s'y coller, dans la conscience de chacun. Il s'agit en même temps d'interpeller le rêve de territoire parfait que chacun de nous a en soi.»
En combinant ses souvenirs, en observant son pays d'origine, Ruth Barabash raconte Israël. Beauté des paysages, cadres idylliques, modernité et jeunesse dorée...soldats aussi, boucliers des conflits qui se passent à quelques kilomètres de ce paradis, états d’alerte, part d’un quotidien aux allures millénaires, une réalité. Ruth Barabash a reconstitué dans l’espace du (9) BIS un abri souterrain, le lieu de secours, le lieu de vie artificiel, sans fenêtre, avec quelques objets familiers, auxquels on se rattache, des photos, des chansons. La chambre d’enfant, le salon, la chambre des parents, des espaces intimes pourtant décloisonnés et exposés au regard de tous.